Thursday, June 16, 2016

En route vers Fantasia 2016: 1997


Tel que je vous l’ai souligné lors de mon billet précédent, 2016 marquera le 20e anniversaire du Festival Fantasia. Nous avons débuté notre voyage dans le temps avec cette première édition historique en 1996. Poursuivons maintenant notre chemin du côté de l’édition 1997!

Fort du succès incroyable du premier événement, Fant-Asia remet le coup en juillet 1997 avec un second programme tout aussi excitant. Ce deuxième rendez-vous marquera également l’introduction du volet dit « international », terme désignant les productions provenant du reste du monde, hors du continent asiatique. Plus de 75 longs métrages seront à cette occasion présentés, toujours sur quatre semaines.

Déterminée à améliorer ma piètre performance de l’année précédente (un maigre cinq films! Pffff!), je me lance cette fois-ci, pour vrai, avec 30 sélections. Oui, je sais, j’aurais pu faire mieux mais, à cette époque, j’habitais malheureusement à l’extérieur de la ville. Et puisque je ne pouvais que compter sur BMW (bus/metro/walk) pour mes déplacements, eh bien les séances débutant à 21h et minuit devenaient automatiquement hors de portée. Ce ne serait toutefois que partie remise.


Grâce à un savant dosage de classiques et de découvertes, le public aura été servi avec une sélection de quelques films cultes du grand réalisateur italien Dario Argento, une pléthore de films avec Jet Li et certaines surprises inattendues, tant pour les spectateurs que pour les organisateurs…

Des projections qui passent à l’histoire

À l’apogée du succès de Jackie Chan en sol nord-américain, qui aurait pu prédire que l’Impérial ferait salle comble avec un film qui, pourtant, était au même moment à l’affiche au cinéma? Lancé dans les salles obscures afin de capitaliser sur les récents succès de Rumble in the Bronx et de Supercop, Armour of God II : Operation Condor (connu ici simplement sous le nom d’Operation Condor), aura plus fait que simplement remplir les sièges de Fant-Asia : il aura aussi rempli les allées!

En effet, tant de billets pour la représentation unique auront été vendus que les spectateurs auront dû se résigner à s’asseoir dans les escaliers ou à se tenir debout à l’arrière. Cette survente aura cependant eu pour conséquence d’alerter les pompiers, qui se sont d’ailleurs présentés, puisque l’excédent de spectateurs allait à l’encontre des règles de sécurité en matière d’incendie…

Ce ne sera d’ailleurs pas la seule fois où l’enthousiasme provoquera des débordements. Lors de la première mondiale du premier long métrage d’animation Perfect Blue du Japonais Satoshi Kon, face à une marée de spectateurs refoulée à l’entrée qui bloquait littéralement la rue, les producteurs n’auront eu d’autre choix que d’accepter une seconde projection sur-le-champ. Cet événement aura sans contredis lancé la carrière internationale de Satoshi Kon, pleinement méritée.

À l’inverse, certains n’auront pas été prêts pour l’assaut visuel qu’ils subiraient lors de la projection des subversifs Red to Kill de Billy Tang et particulièrement, pendant le court métrage Aftermath, de l’Espagnol  Nacho Cerda. Réduisant les spectateurs à un silence total de stupéfaction, plusieurs opteront plutôt pour quitter leur siège, incapables de tenir le coup malgré la maîtrise esthétique manifeste du réalisateur. Amplifiée par les témoignages des spectateurs présents et par la difficulté à mettre la main sur une copie digne de ce nom, la légende de ce visionnement aura nourri les discussions entre fidèles et nouveaux venus pendant maintes années...

Autre moment déterminant : la projection de Fudoh : The New Generation, du réalisateur culte Takashi Miike. C’est en effet à Fant-Asia qu’un auditoire occidental aura été exposé pour la toute première fois à une œuvre du réalisateur nippon prolifique, excessif et imprévisible. Il fait d’ailleurs consensus au sein de la communauté que ce sont ces projections historiques qui auront bel et bien déclenché l’engouement de ce côté-ci du globe pour le J-Horror.


Personnellement, mes 30 sélections évoquées plus haut m’auront confirmé que ma soif pour ce genre de films serait insatiable. Outre Perfect Blue, Fudoh et Operation Condor, j’aurai fait la file sous la pluie pendant des heures pour une projection à guichets fermés du classique Ghost in the Shell. J’aurai découvert un Jackie Chan au sommet de sa forme avec Drunken Master 2. J’aurai fait le plein de productions mettant en vedette Jet Li avec Last Hero in China, Shaolin Temple, Bodyguard from Beijing, Dr. Wai, Black Mask et Once Upon a Time in China and America. Je me serai régalée des comédies de Stephen Chow avec Sixty Million Dollar Man et l’inimitable God of Cookery. J’aurai été soufflée par le style d’une nouvelle compagnie de production, une certaine Milkyway Image Limited, avec Beyond Hypothermia. Et j’aurai assumé mes plaisirs coupables avec Tiger Cage 2, Satan Returns, Score, Armageddon et Last Blood.

Photos de gauche à droite: Tiger Cage 2, via DarkSideReviews; Satan Return, via Teleport City;  Drunken Master 2, via The Critical Cinephile

Stephen Chow impitoyable dans God of Cookery

Prochain arrêt sur notre chemin : l’édition 1998!

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