Sunday, July 3, 2016

En route vers Fantasia 2016: 1998 - 1re partie


3e arrêt sur notre route vers Fantasia 2016! À ce jour, l’édition 1998 reste pour moi l’une des meilleures, particulièrement en raison de sa remarquable sélection en provenance de Hong Kong. En effet, pas moins de 35 films de la région administrative spéciale comptaient parmi les choix à se mettre sous la dent. L’événement, dont on ne savait pas en 1996 s’il passerait même le cap de la première édition, poursuit donc sur sa fabuleuse lancée avec un public toujours grandissant, qui en redemande.

Les précieux passeports-festival limités, valides pour une représentation de chaque film, sont jalousement convoités. Et malgré les 900 places disponibles au Cinéma Impérial, les billets pour plusieurs séances s’envolent rapidement. Alors, pour s’assurer d’y mettre le grappin, il faut se présenter tôt et s’armer de patience…

Bon, les rédacteurs auront choisi de magnifier un brin la réalité. Nous n'aurons pas campé toute la nuit pour nous procurer le passeport-festival, mais serons tout de même arrivés très, très tôt... Édition du 9 juillet 1998, journal Le Devoir, photo: Jacques Nadeau.

Cette attente en vaut presque toujours la peine, puisque le nombre d’expériences mémorables compense largement celles plus décevantes. Le passeport, proposant un rapport coût/projection plus qu’avantageux, donne la liberté à son détenteur de sortir de sa zone de confort et d’ainsi faire de surprenantes découvertes qui autrement, auraient été ignorées. Malgré tout, il demeure impossible de tout voir. Il faut donc se résigner, souhaiter avoir fait les meilleurs choix et accepter de voir certaines choses plus tard… Avec l’expérience, on raffine ses goûts et on sait mieux reconnaître les films susceptibles de nous plaire davantage.

Des impacts tangibles

Déjà, en 1998, l’impact de Fant-Asia dans ma vie est déterminant. C’est effectivement dans la fameuse file d’attente de l’année précédente (plus précisément, celle pour God of Cookery de Stephen Chow) où j’aurai fait la rencontre d’un amoureux avec lequel je ferais fait vie commune pendant 12 ans. C’est en raison de ma passion pour les films d’Asie que j’aurai opté pour un mineur universitaire en études est-asiatiques, où j’y serai diplômée avec honneurs. Afin de nourrir mon besoin de Fant-Asia, j’aurai bossé dans un café bistro dès 5:00 le matin, pour terminer à midi pour ensuite faire la sieste (lire : dormir la seconde moitié de ma nuit) et ainsi ne rater aucune séance.

Je me serai complètement immergée dans l’univers Hong Kong : lecture quotidienne du journal South China Morning Post et de sites traduisant en anglais les nouvelles sur le star-system HK; écoute des stations de radio diffusant en continu et achat de disques de musique pop cantonaise. J’aurai suivi des cours de mandarin et de cantonais en privé. Je me serai même abonnée à un club vidéo chinois faisant la location de films sous-titrés sur cassettes VHS! Elle ne fait pas les choses à moitié, la fille…

Only at Fant-Asia…

L’édition 1998 de Fant-Asia a elle aussi son lot d’anecdotes. Juste avant le début de la projection, on annonce aux spectateurs que la version originale en mandarin reçue pour Martial Arts of Shaolin n’est malheureusement pas sous-titrée. Bien que les dialogues ne revêtent pas ici une importance capitale, il est tout de même laissé à la discrétion de chacun de rester ou de se faire rembourser. Le public, bon enfant, aura en majorité opté de rester et se sera bien amusé, en lançant en moments opportuns des répliques bien senties.

Des expériences médicales atroces dans Man Behind the Sun, via HKMDB; Stephen Chow en compétition avec Amy Yip pour le meilleur haut de costume de bain dans The Magnificent Scoundrels, via Macau Cable TV; Jet Li et son maître dans Martial Arts of Shaolin, via HK Cinemagic

À classer dans la catégorie malaise, la séance de minuit pour le tristement célèbre film culte chinois de 1988, Man Behind the Sun de T.F. Mou, qui décrit (et montre) les atrocités de guerre infligées par des japonais de l’unité 731 sur des prisonniers chinois et russes. Le réalisateur, qui s’était en prime déplacé pour l’événement, aura affronté un public initialement venu pour s’éclater, mais qui ne savait plus trop comment réagir à mesure que le film progressait. Plusieurs se sont tus, mais d’autres ont poursuivi la fête, ce qui aura, semble-t-il, provoqué l’ire du réalisateur, auprès duquel le festival aura eu à subséquemment s’excuser.

On ne saura jamais non plus si le projectionniste fut distrait par la livraison de son lunch ou s’il faudra plutôt blâmer un étiquetage erroné des bobines lors de la projection de The Magnificent Scoundrels, mais toujours est-il que les 3e et 4e auront été inversées, ce qui aura donné au film une séquence narrative disons, particulière...

À suivre dans la seconde partie de la rétrospective Fant-Asia 1998 : une première coréenne, « l’effet Fant-Asia », le meilleur et le pire du Japon, et l’abondance en direct de Hong Kong!

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